Elle a ressuscité d’entre les flammes et les bûchers allumés par les routiers en 1376, venus de Giroussens sous la conduite de Pierre de Galard, capitaine au service des Anglais, mais qui agissait là au nom du comte d’Armagnac.
Des terres fertiles
L’occupation des sols à Lugan fut, à partir de l’invasion, profondément modifiée et dispersée. On rebâtit l’église Saint-Blaise sur les fondations du fort, ce qui explique le caractère massif de ses contre-forts et la présence des douves qui sont les fossés de l’ancien château.
On a retrouvé de la première église, non pas son emplacement, mais un bénitier roman, aujourd’hui classé au répertoire des monuments historiques, qui représente sous un cordeau tressé, orné de trois têtes humaines, un entrelacs de fleurs de lys.
Les terres de Lugan avaient appartenu dans un premier temps au comte de Toulouse, qui les avait achetées à divers petits seigneurs. Elles devinrent l’héritage de Jeanne, sa fille, mariée à Alphonse de Poitiers, et qui devait mourir sans descendance ainsi que son mari, au retour de la VIIIe Croisade à Savone en Italie.
Le roi de France devint l’héritier des terres toulousaines, donc des terres de Lugan. Philippe le Bel céda ses terres à Sicard et Pierre Fabre, lequel céda sa seigneurie à Bernard Maurel, riche marchand de Saint-Sulpice, en 1392. Ce dernier confirma par écrit les libertés accordées aux Luganais. Elles furent ratifiées par Louis XI lorsque les biens de Jeanne de Boulogne, (dont Lugan et Saint-Sulpice), furent confisqués par le roi Charles VII son père. François Ier en fit don plus tard à son chancelier Antoine du Bourg et Lugan se retrouva à la veille de la Révolution dans le patrimoine des Albis.
Des témoignages
De cette histoire mouvementée, Lugan a conservé quelques témoignages : une cloche de 1512, une vierge à l’enfant du XVIIIe en bois polychrome, remarquable par l’élégance de son drapé, la finesse de son visage et qui a fait partie des « trésors sculptés du Tarn » exposés à Lavaur. Enfin une ancienne mouline dite de Vincent sur le ruisseau de Zézy, qui existait déjà vers 1492 et n’a cessé son activité qu’après la guerre de 1914-1918.
La révolution de 1789 n’a pas enflammé les cœurs d’une ardeur trop guerrière puisque l’arrêté commandant la destruction de la grosse cloche de l’église n’a pas été exécuté. Lugan qui sera rattaché à Lavaur par l’Empire a compté tout au long du XIXe siècle une population active vouée à l’agriculture et à l’artisanat.
Un de ses enfants a porté loin la réputation de courage des « Luganais ». Jean Delpas a aujourd’hui sa statue à Péronne, (Somme), qui a voulu ainsi rendre hommage à cet artilleur fusilier marin, mort au combat, en défendant la ville contre les Prussiens, le 29 décembre 1870, sur le canon baptisé « Fanny ». Il avait antérieurement participé à la guerre de Guinée.